Les échelles sont dérivées de celle de G.P. Paliaga.

L’échelle de Paliaga ( Figure1) est constituée de 12 lignes. Chaque ligne comprend 10 E noirs, orientés au hasard. L’espace séparant deux E voisins est constant. La taille des E décroît géométriquement d’une ligne à l’autre. Pour une distance d’examen de 4 mètres, la ligne du haut correspond à une acuité visuelle de 3/10 et celle du bas à 16/10.

Figure 1 : Échelle de Paliaga

L’échelle de Gracis comporte les mêmes signes, mais le contraste des E d’une même ligne est différent. Il existe dix contrastes. Deux modèles sont présentés :

- pour l’un, le contraste varie progressivement de la gauche vers la droite, du maximum ( C= 0.95: lettres noires ) au minimum (C 0.06 lettres très pales)

- pour l’autre, les forts et faibles contrastes sont intriqués (Figure 2).

Figure 2 : Échelle de Gracis

Ces échelles sont placées sur la face avant d’une boite lumineuse et sont éclairées de façon homogène par transillumination.

ENREGISTREMENT DE LA MESURE

On demande au sujet de reconnaître l’orientation des E (haut, bas, gauche, droite) en commençant par les signes dont le contraste est le plus élevé. On reporte sur un schéma (visugramme Figure 3) la taille du dernier signe reconnu dans la colonne correspondant au contraste étudié.

Figure 3 : Visugramme; enregistrement des réponses

On recommence la manœuvre pour les signes dont le contraste est moins élevé. On obtient ainsi une courbe que l’on peut comparer à la courbe étalon obtenue à partir de l’examen d’une centaine de sujets normaux.

Pour augmenter la précision du test en diminuant les fluctuations dues au hasard, on peut pratiquer l’examen en inclinant successivement la plaque des optotypes dans les quatre positions cardinales; ce qui permet 4 séries de mesure.

Les travaux modernes de physiologie oculaire ont montré qu’il existe une courbe reliant le seuil angulaire de reconnaissance et le contraste des tests. Ces travaux étudient en règle le seuil entre 0.5 cycle/degré et 30 cycles/degré, c’est à dire entre 1.5/100 et 10/10. L’échelle de Gracis, pour une distance d’examen de 4 mètres, permet d’étudier les seuils entre 3 et 16/10.

La courbe de Ludwig (1941) donne une bonne idée des performances d’un sujet normal.

Avec l’échelle de Gracis, qui compte plus de paliers de contraste, la courbe est analogue, mais un peu décalée vers le haut (Figure 4). Cette courbe permet de mieux distinguer les 3 segments classiques:

- la partie ascendante, à forte pente, pour les bas contrastes

- la partie médiane pour les contrastes moyens

- la partie terminale, presque horizontale, pour les contrastes élevés,

Figure 4 : Courbe de Ludwig en pointillé; Courbe de Gracis en trait plein.

INTÉRÊT CLINIQUE

Selon Gracis, on peut distinguer 4 types de courbes anormales.

1- L’augmentation du seuil à tous les contrastes, caractéristique de l’amblyopie strabique.

2- L’augmentation du seuil aux faibles contrastes, associée à une atteinte du nerf optique.

3- L’augmentation du seuil aux contrastes élevés, souvent associée à une amétropie mal corrigée (myopie souscorrigée).

4- L’augmentation du seuil aux contrastes moyens, souvent associée aux maculopathies.

AVANTAGES, INCONVENIENTS, PROSPECTIVE

La boite lumineuse de présentation est difficilement reproductible, même par un bricoleur talentueux. Mais est-elle vraiment nécessaire ? N’est-il pas suffisant de présenter l’échelle éclairée par devant?

La mesure est relativement longue, surtout pour un enfant.

Cette échelle est un des rares dispositifs disponibles pour évaluer l’effet du contraste sur le seuil d’acuité visuelle. Il est certain que ce type de mesure sera de plus en plus répandu dans l’avenir, en particulier en ergonomie.

À la demande du Docteur Gracis, et en attendant une meilleure distribution, le CERES pourra envisager la diffusion de cette échelle (sans la boite lumineuse).

retour au sommaire du Varia I

(Dernière mise à jour de cette page le 28/05/2006)