DU BON USAGE DU TEST DE WIRT
Jean-Bernard WEISS
(Paris)
Le test de Wirt est constitué dimages polarisées que le sujet regarde à travers des lunettes polarisées. Ces images sont perçues en relief en cas de vision binoculaire, Le test comprend trois parties: la mouche, les animaux et les pions. Il est étalonné pour une distance de 40 cm et la disparité des divers éléments varie de 4000" à 40"
Plusieurs critiques ont été émises à légard de ce test :
- il est fragile et doit être protégé de la chaleur, de la lumière et du frottement des doigts,
- le sujet peut se souvenir des réponses,
- pour la série des pions, il est possible de déterminer la bonne réponse en vision monoculaire en se fiant uniquement au décalage.
Malgré ces critiques, ce test garde toute sa valeur car cest un test simple et facile à utiliser chez les jeunes enfants.
Habituellement, le test est présenté à 40 cm, à lendroit et dans un plan frontal par rapport à la direction du regard. Dans certains cas, il est intéressant de faire varier ces conditions de présentation.
1) En présentant le test à lenvers, le relief sinverse (figure l) : la mouche est vue par en dessous, les animaux sont perçus en creux ainsi que les pions. On peut donc ainsi contrôler la validité des réponses.
Figure 1 : Avec la rotation du test de 180 degrés, le relief
s'inverse.
Si lon dispose de deux paires de lunettes polarisées, on pourra inverser les filtres dune des deux paires, cest à dire mettre le filtre droit à gauche et le filtre gauche à droite. Avec la paire normale et les tests présentés normalement, les images seront perçues en avant; avec lautre paire, elles seront perçues en arrière.
2) En éloignant le test, on diminue la disparité des images et donc les acuités stéréoscopiques correspondantes. Ainsi, à un mètre, les acuités stéréoscopiques correspondantes aux différents tests sont divisées par 2.5 (Table 1).
TEST | Présentation à 40 cm | Présentation à 1 mètre |
Chat | 400 | 160 |
Lapin | 200 | 80 |
Singe | 100 | 40 |
Pion n° 1 | 800 | 320 |
Pion n° 2 | 400 | 160 |
Pion n° 3 | 200 | 80 |
Pion n° 4 | 140 | 56 |
Pion n° 5 | 100 | 40 |
Pion n° 6 | 80 | 32 |
Pion n° 7 | 60 | 24 |
Pion n° 8 | 50 | 20 |
Pion n° 9 | 40 | 16 |
Table 1 : Acuités stéréoscopiques correspondant aux distances dexamen de 40 cm et 1 mètre.
On peut donc tester le sujet en vision éloignée. Ceci est important car certains strabiques présentent une déviation en vision de près et se redressent en vision éloignée.
3) En présentant le test dans les diverses positions du regard à un sujet dont la déviation est incomitante, il est possible dannuler cette déviation dans une certaine direction et dobtenir ainsi la stéréoscopie. Le fait est évident pour les syndromes de Stilling. Il en est de même pour certaines parésies oculomotrices et certains strabismes avec un syndrome alphabétique (figure 2).
Figure 2 : Présentation du test dans le regard en haut et en
bas pour les syndromes alphabétiques.
4) On peut aussi étudier linfluence de linclinaison de la tête du sujet; mais dans ce cas, il faut aussi incliner le test pour que la sélection polarisée soit conservée (figure 3).
Figure 3 : Manuvre de Bielchowsky.
Le test doit être incliné dans le même sens pour conserver la polarisation.
5) En inclinant le test davant en arrière on peut compenser partiellement une torsion. En éloignant la partie supérieure du test, on compense une extorsion et en rapprochant la partie supérieure, on compense une intorsion (figure 4).
Figure 4 : En inclinant la partie supérieure du test vers le
sujet, on compense partiellement une incyclodéviation.
6) On peut aussi associer les deux précédentes manuvres, Par exemple en cas de strabisme divergent intermittent avec syndrome V et extorsion, la position privilégiée sera dans le regard en bas avec inclinaison en arrière de la partie supérieure du test.
7) En tournant légèrement le test vers la droite ou vers la gauche, on peut compenser partiellement une aniséïconie, Si limage de lil gauche est plus grande que celle de lil droit, la compensation est obtenue en rapprochant la partie gauche du test vers le patient (figure 5).
Figure 5 : Compensation partielle d'une aniséïconie par
rotation du test autour d'un axe vertical.
8) En inclinant le test de 90 degrés, le décalage des images est vertical. Suivant que lon incline le test de 90 degrés vers la droite ou vers la gauche, limage de lil droit est plus haute ou plus basse, Dans ces conditions la stéréoscopie disparaît. Si le sujet ne peut compenser ce décalage vertical, il voit le test en double. Par exemple, pour le premier pion, le décalage est de 800" à une distance dexamen de 40 cm, soit environ une demie dioptrie. Pour un sujet ne présentant pas de déviation verticale, la fusion est aussi aisée dans les deux cas. Mais quand le sujet présente une légère déviation verticale, la fusion est plus facile dans une position. Cette position du test correspond au décalage des images dans le sens de la déviation du sujet. On peut ainsi détecter des hétérophories verticales minimes (figure 6).
Figure 6 : En inclinant le test de 90 degrés, la
stéréoscopie disparaît. Un dédoublement vertical se manifeste.
9) La dominance oculaire peut être appréciée, sans rompre la fusion. Le sujet fixe la première série de pions correspondant à une acuité stéréoscopique de 800". Sil nexiste pas de dominance oculaire, le pion du bas est perçu en avant, sans décalage latéral par rapport au pion du haut, En cas de dominance oculaire franche, ce pion parait décalé vers la gauche si lil droit est dominant, ou vers la droite en cas de dominance de lil gauche (figure 7).
Figure 7 : Les quatre pions de la série 1.
a) sujet sans dominance
b) il gauche dominant
c) il droit dominant
10) Toujours avec deux paires de lunettes, on peut pratiquer un test de dominance. Le sujet porte une paire de lunettes et lexaminateur lautre. On demande au sujet de préciser sil perçoit les deux yeux de lexaminateur avec la même netteté; en cas de neutralisation, même légère, lun des deux yeux de lexaminateur parait plus sombre (figure 8).
Figure 8 : Test de dominance.
Le sujet et l'examinateur porte chacun une paire de lunettes polarisés. Le sujet
perçoit :
a) les deux yeux de l'examinateur en l'absence de dominance
b) l'il droit de l'examinateur en cas de dominance droite
c) l'il gauche de l'examinateur en cas de dominance gauche
Précisons que la majorité des manuvres décrites peuvent être pratiquées avec les tests stéréoscopiques utilisant des filtres polarisés ou des filtres vert-rouge.
RÉSUMÉ
Distance dexamen : Loin-près Facteur accommodatif ou spastique
Direction : Haut-bas : Syndrome alphabétique
Gauche-droite : Incomitance latérale
Inclinaison antéro-postérieure : haut en avant : Intorsion
haut en arrière : Extorsion
Manuvre de Bielchowsky (tête et test) : inclinaison à droite : G.O. gauche
inclinaison à gauche : G.O. droit
Inclinaison latérale : coté droit plus près : Image droite plus grande
coté droit plus loin : Image gauche plus grande
Rotation de 90 degrés : horaire : Hauteur droite
anti-horaire : Hauteur gauche
Rotation de 180 degrés : Inversion du relief
Pion de la série 1 : Test de dominance
Deux paires de lunettes : Test de dominance, Inversion du relief
(Dernière mise à jour de cette page le 28/05/2006)