STRABISME DIVERGENT OU SECTION MUSCULAIRE

Martine MUNCK & Jean-Bernard WEISS (Paris)

OMA... Hassan 63.05.14 Obs… 007

Patient âgé de 24 ans, adressé dans le service pour un examen électro-oculographique (EOG).

Il présente un strabisme divergent post-traumatique opéré déjà 2 fois.

ANTÉCÉDENTS
Accident de voiture en mars 1987 : traumatisme orbitaire avec section du nerf optique de l’œil gauche. En plus de la perte de la vision de l’œil gauche, est apparu un strabisme divergent majeur ( Xt 100)

Une première intervention a été effectuée en juillet 1987 :

• résection de l2mm sur le DIOG
• recul par anse de 5mm sur le DEOG

En octobre 1987, une deuxième intervention a été pratiquée :

• recul par anse de l0mm sur le DEOD
• recul par anse de 5mm sur le DEOG.

EXAMEN DU 10-11-87
Acuité visuelle: VOD = 10/10 VOG = 0

Reflets : X’t 50

Motilité : limitation de l’adduction de l’OG

Un E.O,G. nous est demandé pour diagnostiquer:

• soit une atteinte neurogène
• soit une section musculaire,

En fonction du résultat de l’EOG, le protocole opératoire serait soit une réintervention sur le strabisme, soit la pose d’une prothèse.

L’EOG. est effectué le 12/11/87. La calibration est électrique. Le protocole est le suivant: les deux ouverts :

• poursuite continue symétrique et asymétrique (Figure 1 A)
• poursuite discontinue symétrique et asymétrique (Figure l B)
• saccades de 40° (Figure 1 C)

Les pistes 1 et 2 reproduisent respectivement la position de l’OD et de l’OG. Les pistes 3 et 4 correspondent respectivement à la vitesse de l’OD et de 1’OG Une déflection vers le haut indique un mouvement vers la droite, et une déflection vers le bas un mouvement vers la gauche.

La piste 5, la ‘différentielle", traduit la différence de position entre l’OD et l’OG.

Figure 2 : Paralysie du III Gauche, ODF : Poursuite continue (A), Poursuite discontinue (B), Saccades de 40 degrés (C)

COMMENTAIRES
1) La première conclusion que l’on peut déduire de l’E.O.G., est que l’état rétinien de l’OG est normal car on obtient pour l’œil gauche des déflections d’amplitudes.

2) Existe-t-il une section musculaire ?

Une section musculaire se traduirait par un œil pratiquement immobile et la vitesse des saccades induites par le muscle sectionné serait presque nulle, voire inexistante. Or, les vitesses des mouvements horizontaux de l’OG (piste 4) semblent normales : il n’y a donc pas section musculaire.

3) Existe-t-il une paralysie oculomotrice ?

Rappel: Les signes électro-oculographiques d’une paralysie oculomotrice sont :

• une diminution plus ou moins grande de l’amplitude de l’œil paralysé (Figure 2 A, 2 B, 2 C),
• une diminution plus ou moins importante de la vitesse du muscle atteint (Figure 2 C),
• un phénomène de recharge du muscle atteint que l’on observe lorsque l’œil va dans la direction opposée à l’action de ce muscle (si le muscle paralysé est un muscle droit interne, ce phénomène sera perçu lorsque l’œil ira en abduction) (Figure 2 C). Si la paralysie est importante, ce phénomène est également perçu lors de la poursuite discontinue, sur les saccades de 5° (Figure 2 B).
• une dyssynergie paralytique, c’est à dire une augmentation du tracé de l’œil sain lorsque l’œil paralysé est fixateur (Figure 3).

Mais dans ce cas, l’épreuve est impossible puisque la vision de l’œil gauche est nulle. Or les amplitudes et les vitesses des saccades de l’œil gauche sont sensiblement normales. Donc il n’y a pas de paralysie du droit interne de cet œil.

Figure 3 :Paralysie d’un III gauche. Saccades de 40 degrés : dyssynergie alternante

CONCLUSION
Les résultats électro-oculographiques permettent donc d’affirmer que ce patient présente un simple strabisme divergent d’origine sensorielle; le protocole opératoire devra en tenir compte.

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(Dernière mise à jour de cette page le 28/05/2006)