BERRONDO SANS BERRONDO
Réunion du 20 novembre 1987
Jean-Bernard WEISS
(Paris)
INTRODUCTION
L'oeuvre écrite de Berrondo débute en avril 1967, et se poursuit régulièrement pendant
vingt ans sous forme de plusieurs dizaines de communications dans diverses sociétés
d'ophtalmologie. Ce n'est qu'en 1987 qu'elle est synthétisée dans son livre
"Psycho-motricité strabologique". Parallèlement, Berrondo a donné un
enseignement oral et surtout clinique, initiant à ses méthodes orthoptistes et
ophtalmologistes.
Compte tenu de l'extension, en France, de la méthode de traitement par les
"secteurs", il nous a paru intéressant de lui consacrer une étude critique.
Cette étude sera centrée sur les écrits de Berrondo, et nous ne ferons intervenir que
rarement notre propre expérience clinique des "secteurs". Au cours de cette
étude et de la lecture attentive de ces textes, nous sommes passés par des phases
d'admiration, de critique et de rejet total. L'ensemble nous a paru très disparate, avec
un mélange d'affirmations évidentes, de contre-vérités et de formulations aiguës. Ces
textes ne peuvent laisser le lecteur indifférent, mais ils doivent être abordés avec un
esprit critique certain, sous peine de tomber dans l'irrationnel ou le mysticisme.
Ces écrits ne peuvent être isolés de leur contexte historique. Aussi commencerons nous
par faire un bref état des lieux relatif à la Strabologie française dans les années
1960.
HISTORIQUE
Si l'on fait abstraction de certains auteurs anciens, d'Ambroise Paré
(1510-1590), Buffon (1707-1788), les bases de la Strabologie sont établies au XIXéme
siècle. Les travaux des physiologistes de langue allemande sont considérables. En
France, trois auteurs dominent la fin du XIXéme siècle.
Giraud-Teulon, ophtalmologiste et ancien élève à l'Ecole Polytechnique, écrit deux
livres sur la vision binoculaire. Parinaud, neurologue de formation, fait paraître un
livre de physiologie et un ouvrage consacré au strabisme. Javal, ingénieur des Mines,
après avoir traduit l'optique physiologique de Helmholtz, publie de nombreux articles sur
la physiologie de la vision binoculaire et le strabisme; à la fin de sa vie, il condense
son expérience de la rééducation de la vision binoculaire dans un ouvrage consacré au
strabisme.
Les ouvrages de ces différents auteurs sont écrits dans une langue claire, même si
parfois un certain ton dé polémique s'y fait jour. Les travaux de leurs collègues de
langue allemande ou anglaise sont abondamment cités. Il est remarquable que deux de ces
trois auteurs aient reçu une formation scientifique poussée. Tous trois sont des
physiologistes, et si Parinaud a une démarche très chirurgicale, on doit reconnaître à
Javal la création de l'orthoptie.
Au tout début du XXéme siècle, les bases scientifiques de la strabologie sont donc
établies. En Allemagne et dans les pays anglophones, l'enseignement des auteurs du
XIXéme se perpétue, tandis qu'en France ces écrits tombent peu à peu dans l'oubli.
Seule persiste une tradition chirurgicale transmise oralement. Citons quand même la
démarche de Rémy, lapôtre du diploscope.
Le renouveau de la Strabologie se produit en France juste après la fin de la seconde
guerre mondiale, sous l'impulsion de deux chefs d'école. Hartman, revenant des Etats
Unis, va créer la première école d'orthoptie à Paris et former plusieurs générations
d'orthoptistes remarquables, dont G. Prigent. Hugonnier rapporte d'Angleterre l'orthoptie
moderne, centrée sur le synoptophore; il se spécialise dans la strabologie, y consacre
l'essentiel de sa vie professionnelle, crée l'Ecole Lyonnaise et écrit son livre qui
sera, en France pendant plus de 30 ans, le livre de référence strabologique.
En 1967, lors de la présentation et la mise en pièces du rapport Parfonry-Polliot, sonne
le glas d'une tradition strabologique directement héritée des auteurs du XIXéme
siècle. On entre alors dans le règne du synoptophore et de la chirurgie millimétrée.
A cette époque, Thomas, fasciné par Cüppers, introduit en France l'oeuvre de ce dernier
et en devient exégète officiel.
ÉTAT DE LA STRABOLOGIE DANS LES ANNÉES 60
Selon les théories orthodoxes, officiellement enseignées aux élèves
orthoptistes et aux étudiants du C.E.S. d'ophtalmologie, le traitement de la fixation
excentrique devait être effectué par euthyscopie ou avec le pléioptophore, et le
traitement sensoriel du strabisme avec le synoptophore. Les traitements comportaient
plusieurs dizaines de séances, voire, dans certains cas, plusieurs centaines (ce nombre
peut paraître aberrant, mais à l'époque il était parfois atteint). La chirurgie était
proposée entre 4 et 7 ans. Elle ne portait, le plus souvent, que sur les muscles droits
horizontaux. Or linefficacité absolue des traitements pleioptiques de l'amblyopie
et du traitement sensoriel avec le synoptophore avait été démontrée aux U.S.A. et en
Angleterre.
Seule, l'école de Saint Joseph, avec Lavat et Prigent, proposait des solutions nouvelles,
avec le traitement dans l'espace, et surtout une chirurgie nouvelle, avec intervention sur
les muscles obliques et les droits verticaux. Le cinch, qui permet un réglage différé,
était remis en pratique. C'est dans ce contexte fait d'un enseignement officiel en
complète contradiction avec la réalité clinique, que Berrondo va surgir pour attaquer
l'orthodoxie strabologique, puis proposer ses propres solutions.
LA PÉRIODE FLAMBOYANTE
A cette période "flamboyante", nous rattachons les cinq premières
publications de Berrondo, étagées de 1967 à 1969. Un style nerveux, des idées simples,
des termes nouveaux et imagés, et une technique pratique (lutilisation d'adhésif
translucide) caractérisent cette période.
Le point de départ est la communication de Pouliquen, publiée en 1964. Dans ce travail,
Pouliquen décrit sa méthode de traitement de l'amblyopie par atropinisation de l'oeil
sain et surcorrection légère de l'oeil amblyope. Il note que beaucoup de strabismes
diminuent avec lâge, et que sur l'ensemble de ses patients, le taux d'intervention
tombe à environ 10%. en partie grâce à ce traitement. De ses résultats, il donne une
statistique, sommaire il est vrai, ce que ne fera jamais Berrondo, à notre grand regret.
Berrondo part donc du travail de Pouliquen, en reconnaît les mérites, et lui trouve un
nom: "la bascule". Ce terme, imagé et percutant, va être utilisé tout au long
de son oeuvre. Pour étendre la méthode de Pouliquen, inefficace en cas d'amblyopie
profonde, Berrondo introduit la méthode du "concave-atropine". La correction de
l'oeil dominant par un verre négatif, véritable pénalisation, a pour but de rendre
fixateur l'oeil amblyope; comme cette technique est le plus souvent insuffisante, il la
complète par l'atropinisation et une occlusion sectorielle de l'oeil sain par un adhésif
translucide. Mais ce faisant, il néglige les autres actions de la surcorrection que
Pouliquen avait signalées: le relâchement du spasme accommodatif et la protection
relative contre l'établissement d'une anomalie de correspondance. Il introduit aussi le
terme de "zone de confrontation" qui complète la description imagée de la
méthode de Pouliquen.
FUITE EN AVANT ET POÉTIQUE
Dans cette période, nous incluons les communications parues entre 1970 et 1977.
Elle est marquée par des modifications fréquentes de la méthode des secteurs, par
l'extension de ses indications, et par l'attaque de théories ou de concepts plus ou moins
reconnus, qui seront immédiatement remplacés par d'autres, parfois intéressants, mais
le plus souvent confus.
Pour le traitement de l'amblyopie sévère sont proposés successivement: la bascule
haut-bas (1972), les secteurs obliques (1973), le diabolo, les fentes, la bascule de
fonction par repérage-observation (1973), avec l'apparition de la "bipartition de
l'attention" et les "lucarnes".
A notre avis, toutes ces méthodes sont relativement efficaces tant que l'amblyopie n'est
pas trop sévère; mais l'occlusion permanente du bon oeil reste le traitement le plus sur
et le plus rapide dans tous les cas, et le seul efficace dans les cas graves.
Mais Berrondo va étendre l'utilisation des secteurs à toute la strabologie: bien entendu
pour la résorption de l'angle de déviation, ce qui sera un thème constant dans sa
recherche, sans que jamais une statistique ne soit fournie pour étayer ses dires, et tout
en reconnaissant que les "anciens" estimaient à 75% la fréquence de la
résorption spontanée du strabisme convergent en l'absence de tout traitement. Les
secteurs vont être proposés pour les syndromes alphabétiques, les upshoots, les
strabismes divergents, les parésies et paralysies oculomotrices, les vertiges, le
nystagmus et le torticolis du nystagmique. Ils seront même proposés contre certaines
attitudes cyphotiques, ou pour éviter qu'un enfant ne devienne gaucher !
Mais tout n'est pas parfait dans le domaine des bascules. Comme certaines ne sont pas
acceptées par les très jeunes enfants, il recommande de recourir éventuellement à des
coudières souples pour que l'enfant nenlève pas ses lunettes.
Les critiques de la pléioptique, alors presque abandonnée, sont maintenues ainsi que
celles à l'égard de locclusion.
Le "strabisme manuel", qui apparaît en 1970, inaugure la phase poétique
Berraldienne. L'école de Saint Joseph, en collaboration avec une équipe de psychologues,
avait montré, statistiques à l'appui, que certains strabiques présentaient des troubles
psychomoteurs. Berrondo reprend cette idée, et décrit une série de manoeuvres
élémentaires pour mettre en évidence ces variations du développement psychomoteur. Le
terme de "strabisme manuel", très évocateur, permet tous les glissements de
pensée. Ce qui se produira un peu plus tard, quand l'indication opératoire du strabisme,
stricto sensu, dépendra de la persistance ou de la disparition du "strabisme
manuel". L'auteur devient prisonnier de ses propres termes.
Le traitement de la correspondance rétinienne anormale, abandonné depuis longtemps par
les Anglo-saxons, était de moins en moins utilisé en France. Mais Berrondo va beaucoup
plus loin il veut détruire cette notion de correspondance rétinienne, et pour cela
décrète que la théorie des points correspondants est fausse, supprimant ainsi un
siècle d'expérience clinique et physiologique. Mais détruire ne vaut si l'on ne
remplace pas : si la correspondance telle qu'elle nous a été enseignée n'existe pas, il
nous décrit quand même 5 vraies correspondances.
De même, selon lui, la fusion binoculaire n'existe pas, car si elle existait, elle
provoquerait un brouillage des deux images ! Il oublie simplement la définition de la
fusion : "intégration des différences: cf. fusion de deux sociétés".
Puis, survient une attaque tous azimuts avec les "fictions". Les prismes, le
synoptophore, les post-images, les images polarisées, la diplopie physiologique: tout est
fiction, hormis les secteurs.
LA PHASE TERMINALE
Cette période s'étend de 1977 à 1987, Nous n'avons par relu attentivement
chaque publication; notons simplement l'apparition du "Buridan", nouvelle
modification des occlusions sectorielles et nouvelle manifestation du génie verbal de
Berrondo. Nous nous contenterons de passer à l'analyse de son livre sur le strabisme
publié en 1987.
LE LIVRE
Sous le titre de "Psycho-motricité strabologique", Berrondo a résumé
son oeuvre. Le livre paru en 1987 comporte 6 chapitres, que nous étudierons
successivement.
Le chapitre sur la psychomotricité est relativement court; il sert d'introduction et de
justification au chapitre suivant. Notons simplement la définition de la psychomotricité
:
"Dans la motricité réflexe, la volonté consciente ne joue directement aucun rôle.
Par contre, la psychomotricité est toujours soumise, de quelque façon, la volonté
consciente". Ceci semble impliquer que la psychomotricité correspond à la
motricité volontaire.
Dire que l'origine du strabisme est une anomalie de la psychomotricité n'amène aucun
élément nouveau, tout comme le fait d'affirmer l'origine supranucléaire ou
innervationnelle du strabisme.
Le chapitre 2 traite du développement psychomoteur de l'enfant. Le problème de la
latéralité est traité, avec la distinction entre latéralité manuelle et
pseudolatéralité oculaire. Le cerveau droit commande la main gauche, tandis que l'oeil
gauche envoie des informations aux deux hémisphères, et sa commande motrice dépend des
deux hémisphères.
Le strabisme manuel est expliqué; nous avons vu le risque de confusion induit par
l'emploi de ce terme.
Le redressement partiel ou total du strabisme dans l'obscurité ou lors de
l'éblouissement est présenté comme une vérification de la théorie psychomotrice du
strabisme. Avec, comme commentaires :
"Au cours de ce bref éblouissement, le sujet, ne fixant plus, ne lance plus guère
de commandes psychomotrices; y compris celles d'accommodation sur un point proche".
L'accommodation est réflexe, ce qui est en contradiction avec la définition de la
psychomotricité donnée au premier chapitre.
Le chapitre 3 est consacré à l'optique physiologique. Les théories classiques sont
mises en pièce .
Le chapitre 4 prépare à la sectorisation. Des conseils pratiques y sont donnés pour la
pose des secteurs. L'orthoptie gestuelle est présentée.
Le chapitre 5 est consacré aux diverses applications des secteurs; ils sont recommandés
pour toutes les perturbations oculomotrices, ainsi que pour traiter les vertiges, les
céphalées et les torticolis.
Le chapitre 6, indépendant, traite de lécriture, de ses anomalies, de
l'apprentissage de lécriture et/ou de sa rééducation. C'est le chapitre le moins
discutable du livre et le seul qui nous apporte du nouveau.
Au total, on trouve 124 formes de secteurs, sans compter les bis et les ter, une
terminologie imagée, trop souvent confuse, des éléments de physiologie oculaire ou
sensorielle faux, l'attaque injustifiée de traitements efficaces, l'absence de toute
statistique compensée par l'affirmation péremptoire de dogmes, l'élaboration de
théories confuses pour justifier une démarche monolithique, et souvent des intuitions
profondes et des rappels à des principes cliniques élémentaires. C'est un livre écrit
par un passionné de strabologie, dont l'interprétation exige une certain niveau de
connaissance pour ne pas tomber dans l'erreur.
BILAN
Pour terminer cette étude, nous donnerons notre opinion sur l'oeuvre de
Berrondo.
Les théories psychomotrices, le "strabisme manuel", les postulats de
physiologie oculaire sont, à notre avis, inexacts et/ou sans intérêt. Certaines
attaques, comme celle de la pléoptique, du synoptophore, de la relation entre
latéralité oculaire et latéralité manuelle, étaient justifiées en leur temps. Mais
qui défend encore le traitement euthyscopique ?
Les attaques contre les traitements prismatiques ou le traitement de l'amblyopie par
occlusion nous semblent regrettables. Ces traitements ont fait leurs preuves; l'occlusion
reste le meilleur traitement de l'amblyopie profonde.
La transformation progressive des secteurs en panacée est excessive, et nuit à la
crédibilité de la méthode. En particulier, la sectorisation des sujets nystagmiques est
nocive.
L'étude de la position graphique et la prévention de la myopie sont intéressantes;
mieux vaudrait, pour beaucoup denfants, de tels conseils qu'une rééducation
orthoptique effectuée avec un synoptophore. Mais nous touchons 1à à des problèmes qui
relèvent des maîtres d'école ou des hygiénistes. On doit d'ailleurs constater avec
regrets que tous ces principes ont été soumis, depuis plus de 50 ans, aux autorités
compétentes sans aucun effet. Il suffit de lire l'oeuvre de Javal et les recommandations
émises par la Société Française d'Ophtalmologie et l'Académie de Médecine pour se
convaincre de l'inefficacité de telles démarches.
Les conseils sur les prescriptions de verres et la skiascopie éblouissante devraient
être lus, compris et pratiqués par bon nombre de strabologues. C'est de la très bonne
clinique.
L'utilisation des secteurs binasaux dans les strabismes précoces avec pseudo-paralysie
des droits externes est efficace; mais locclusion alternée nous semble donner les
mêmes résultats. C'est sans aucun doute l'un des mérites de Berrondo que d'avoir
popularisé l'emploi des lunettes chez les très jeunes enfants.
C'est aussi le mérite de Berrondo que d'avoir diffusé la méthode de Pouliquen en lui
attachant le terme de bascule. Par contre, Berrondo n'a pas retenu les deux autres
éléments relevés par Pouliquen : 1a protection de la correspondance et le relâchement
accommodatif. La généralisation de cette méthode par le concave-atropine n'a pas été
très heureuse, car l'enfant est tenté d'enlever ses lunettes.
Une des idées maîtresses de Berrondo est que dans 3/4 des cas, en l'absence de tout
traitement, le strabisme convergent disparaît ou diminue suffisamment pour ne pas
entraîner d'opération. L'emploi des secteurs augmente-t-il ce pourcentage? L'utilisation
des secteurs a le mérite certain de temporiser. L'enfant est suivi régulièrement,
l'acuité est contrôlée ainsi que la réfraction, et l'opération est éventuellement
pratiquée à lâge qui convient au chirurgien.
THÉORIE ÉLÉMENTAIRE DES SECTEURS
Nous nous permettrons d'émettre une théorie sommaire des secteurs. On peut
reconnaître aux secteurs deux modes d'action t moteur et sensoriel. Sur le plan moteur,
les secteurs imposent la fixation dans des circonstances déterminées. On peut ainsi
prévenir ou traiter une amblyopie; la méthode est simple et peut remplacer une
pénalisation ou une occlusion alternée. Dès que l'amblyopie est sévère,
locclusion permanente est préférable. La pseudo-paralysie des droits externes des
strabismes précoces est aussi une bonne indication des secteurs.
L'alternance rapide, poursuivie sans cesse par Berrondo, favorise sûrement le
relâchement des spasmes musculaires, et probablement aussi le relâchement du spasme
accommodatif. Mais, quelque soit la forme des secteurs, cette alternance devient de moins
en moins fréquente si la déviation est importante. Quand la déviation est faible, le
patient peut changer souvent d'oeil fixateur. Quand elle est importante, elle exige, lors
de chaque alternance, un effort considérable. C'est là ou réside l'échec relatif des
secteurs. En fait, quand l'angle est important, il faudrait associer aux secteurs des
prismes à bases externes pour favoriser l'alternance en diminuant la déviation.
Sur le plan sensoriel, des secteurs binasaux éliminent la stimulation des rétines
temporales. On évite ainsi le développement d'une diplopie latente et/ou d'une anomalie
de la correspondance rétinienne. Il en est de même pour les secteurs obliques, les
secteurs haut-bas ou les lucarnes. L'arc sensoriel du strabisme est éliminé. Et il est
logique de penser que l'adjonction de secteurs aux prismes utilisés selon Pigassou ou
Bérard aurait évité certains échecs.
En cas de phorie-tropie avec forte dominance oculaire, que ce soit une ésophorie ou un
strabisme divergent intermittent, la pose d'un petit secteur nasal sur le verre de l'oeil
dominant provoque la déneutralisation de l'oeil dominé et son redressement.
LE POUVOIR SECTORIEL
Toute méthode a ses limites; l'emploi des secteurs, des prismes ou des
pénalisations doit être sélectif et non systématique.
L'échec des traitements pléoptiques et orthoptiques classiques, reconnu tardivement en
France, aurait pu Conduire, comme aux Etats Unis ou en Angleterre, à la disparition de
l'orthoptie. La strabologie aurait été alors réduite au traitement de l'amblyopie, à
la correction optique des strabismes à part accommodative, à l'opération plus ou moins
précoce des autres strabismes, et au traitement des hétérophories.
L'utilisation extensive des secteurs a permis, dans une certaine mesure, de conserver un
certain volume d'activité orthoptique et/ou médical.
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(Dernière mise à jour de cette page le 28/05/2006)