MESURE DE L'ANISÉÏCONIE À L'AIDE DE DEUX BIPRISMES

Angie D. MINICHIELLO
(Università di Toscana)

Le terme d’aniséïconie, introduit par Lancaster en 1938, concerne une différence de taille entre les deux images rétino-corticales d’un même objet. Celle différence de taille apparente peut être induite par des anomalies de la cornée, du cristallin, par une anisométropie, ou par la correction optique.

Il existe une aniséïconie physiologique lors de la convergence asymétrique, chez le sujet normal qui n’entraîne aucun trouble fonctionnel.

 On estime généraement qu’une aniséïconie inférieure à 1% est asymptomatique et qu’une aniséïconie supérieure à 5% entrave la vision binoculaire.

Les symptomes sont variés (Table 1)

Table 1 : Fréquence des symptômes associés à l’aniséïconie

Les méthodes classiques de mesure de l’aniséïconie (appareils stéréoscopiques, éïconomètre de Ames et Ogle) ne sont pas d’un emploi simple.

Nous décrivons une nouvelle méthode de mesure de l’aniséïconie à l’aide de deux biprismes.

Devant chaque œil muni de sa correction sphérocylindrique, on place un biprisme dont la jonction base-base est horizontale; on place aussi une baguette de Maddox verticale devant l’œil droit. Le patient regarde un point lumineux placé à 5 mètres.

Un biprisme à arête verticale provoque un dédoublement vertical (Figure 1); la baguette de Maddox transforme chaque point lumineux en une raie horizontale.

Figure 1 : Un biprisme à bases accolées induit une diplopie à condition que la jonction des bases soit en regard de la pupille du sujet

L’œil gauche, muni d’un biprisme, perçoit donc une lumière dédoublée. L’œil droit, muni du biprisme et de la baguette de Maddox, perçoit deux lignes rouges parallèles (Figure2)

Figure 2 : L’œil placé derrière le biprisme perçoit deux lumières; l’autre muni du biprisme et de la baguette de Maddox perçoit deux lignes rouges parallèles

Diagnostic d’aniséïconie
Le sujet normal perçoit deux lumières traversées par deux lignes rouges.

Un sujet présentant une aniséïconie percevra deux lignes et deux lumières dont l’écartement n’est pas identique (Figure 3).

Figure 3 : À gauche sujet iseïcone. Au centre, l’image droite est plus grande: les deux parallèles sont plus écartées que les lumières. À droite, l’image gauche est plus grande: les deux lumières sont plus écartées que les deux droites parallèles

Mesure de I’aniséïconie
Quand l’axe base-base du biprisme est horizontal, le dédoublement E est vertical, perpendiculaire à cet axe.

Si l’on fait tourner l’axe base-base du biprisme d’un angle R, le dédoublement E reste perpendiculaire à cet axe, et peut être décomposé en deux composantes, l’une horizontale (H) et l’autre verticale (V) (Figure 4).

L’amplitudes de la déviation verticale (V) est donnée par la formule :

Figure 4 : L’inclinaison d’un angle R de l’axe base-base entraîne une variation du dédoublement vertical, dont l’amplitude est V = E x cos R

Ainsi, en faisant tourner l’axe base-base du biprisme, on peut faire varier d’une manière simple l’amplitude du dédoublement vertical.

Quand il existe une différence de séparation, on tourne le biprisme placé devant l’œil dont les images sont les plus écartées jusqu’à l’annulation de la différence.

Le pourcentage d’aniséïconie est lu directement dans une table en fonction de cet angle de rotation (Table 2).

Table 2 : Valeur de l’aniséïconie en fonction de la rotation du biprisme qui annule la différence de taille des images

La sensibilité et la précision de ce procédé sont excellentes puisque une aniséïconie de 1% correspond à une rotation de 8 degrés.

La correction de l’aniséïconie reste du domaine de l’opticien spécialisé qui peut agir sur :

• la distance verre-œil
• l’épaisseur du verre
• l’indice de réfraction
• la puissance frontale du verre.

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(Dernière mise à jour de cette page le 28/05/2006)