VERRE PROGRESSIF ET DIPLOPIE MONOCULAIRE


Jean-Bernard WEISS
(Paris)

La diplopie monoculaire n’est pas exceptionnelle; nous en avons recensé plus de 50 cas personnels.

En présence d’un patient se plaignant d’une diplopie, il faut toujours évoquer ce diagnostic qui sera confirmé quand la diplopie persiste alors que l’un des deux yeux est caché.

Les causes organiques de diplopie monoculaire les plus fréquentes sont les atteintes de la cornée (kératocône, taie), les astigmatismes partiellement corrigés et les opacités du cristallin. Les polycories sont beaucoup plus rares. Mais le plus souvent aucune cause ne peut être évoquée, hormis des discontinuités dans la structure du cristallin.

Par contre une diplopie monoculaire peut être créée par la correction optique, quand il s’agit d’un verre afocal prismatique.

Comme dans tous les verres, il se produit une double réflexion. Mais dans ce cas bien particulier, quand le porteur de verre regarde un point lumineux éloigné, cette double réflexion produit une seconde image, certes moins lumineuse, mais qui est nette et décalée d’un angle égal au double de l’effet prismatique du verre correcteur. En règle, la faible luminosité de cette image parasite ne la rend gênante que la nuit.

La correction par un verre afocal prismatique s’adresse, en général, à des patients qui présentent une diplopie binoculaire. Le soulagement apporté par la correction prismatique masque la gêne éventuelle de la diplopie monoculaire. Notons au passage que si les deux verres sont afocaux et prismatiques, le patient peut avoir une triplopie et même une quadriopie si la correction prismatique est insuffisante pour compenser le déséquilibre oculomoteur.

Mais il est un autre cas ou l’on est amené à prescrire des afocaux prismatiques. Les verres progressifs comportent une correction prismatique de 2 dioptries à base supérieure. Chaque fois que l’on prescrit des verres progressifs dont la puissance est nulle pour la vision au loin, les conditions sont créées pour induire une diplopie monoculaire.

Heureusement, bon nombre de patients ainsi équipés ne portent pas leur lunettes la nuit.

Un correction de +/- 0.25 suffit d’ailleurs à défocaliser l’image parasite et à la rendre inaperçue.

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Figure 1
: Double réflexion sur les faces d’un verre afocal prismatique. L’image apparente d’un point lumineux est doublée d’une image parasite, peu lumineuse, provoquée par la double réflexion sur les faces du verre prismatique


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(Dernière mise à jour de cette page le 28/05/2006)