RÉFRACTION DIFFÉRENTIELLE
Jean-Bernard WEISS
(Paris)
La mesure de la réfraction est un temps essentiel de lexamen ophtalmologique; elle revêt une particulière importance pour les patients présentant une anomalie de la vision binoculaire.
Lors dune première prescription, lexamen objectif sous cycloplégique sera suivi, si cela est possible, dun examen subjectif
Pour un patient présentant un strabisme et/ou un nystagmus, et déjà équipé de lunettes, on peut mesurer la réfraction totale. On peut aussi mesurer lamétropie résiduelle du patient ponant sa correction. Cette "réfraction différentielle" est plus rapide, plus précise et plus fiable.
Réfraction différentielle subjective
La réfraction différentielle subjective se pratique en plaçant devant les lunettes
du patient des verres de ± 0,25 ou ±0,50, sphériques puis cylindriques, et en lui
demandant de préciser dans quelles conditions il voit mieux. Au besoin, on saidera
du cylindre de Jackson.
Deux manuvres particulièrement simples permettent un très fin ajustement de la valeur de la correction.
Eloigner le verre de lil augmente leffet dun sphérique convexe et diminue leffet dun verre concave. Cest linverse quand le verre est rapproché de lil.
Ceci peut être formulé autrement: lhypermétrope sous corrigé éloigne ses verres et le myope sous corrigé enfonce ses lunettes sur le nez.
En cas dastigmatisme, linclinaison des lunettes sur lune ou lautre oreille induit une rotation de laxe du cylindre. On peut ainsi vérifier à moins de 5 degrés lexactitude de la prescription.
Réfraction différentielle objective
La réfraction différentielle objective se pratique sur un patient muni de sa
correction.
Ainsi, lorsquil existe une hypermétropie, on évite souvent un spasme accommodatif.
Skiascopie
La skiascopie à fente pratiquée à 60cm permet de contrôler rapidement
lexactitude de la correction en vérifiant que lombre en masse est bien
obtenue en ajoutant + 1,5 dioptrie à la correction portée.
Lidéal est de disposer dun petit clip muni dun verre convexe de 1,5 dioptrie. Ainsi, lexaminateur na pas besoin de la règle à skiascopie pour vérifier lexactitude de la correction.
En cas dastigmatisme, si laxe est incorrect, le déplacement de lombre est oblique. En inclinant les lunettes vers la droite ou vers la gauche, on détermine le sens de linclinaison nécessaire pour obtenir une meilleure correction.
Là encore, lutilisation dun verre de +1,50 monté sur un clip facilite le travail de lexaminateur, puisque la main ainsi libérée peut incliner les montures sur le visage du patient.
La vérification de laxe de la correction cylindrique portée par le patient est dautant plus importante que sa valeur est plus élevée.
Chez un sujet nystagmique, la correction exacte dun astigmatisme important est dautant plus nécessaire quune erreur daxe augmente lamblyopie fonctionnelle presque toujours présente.
Enfin, même si la prescription et le montage des verres sont exacts, la correction réelle peut être inadéquate, en raison dune inclinaison de lunettes due à une asymétrie faciale importante.
Dans un tel cas, lopticien réglera les branches des montures pour adapter les lunettes au visage du patient.
Cette skiascopie différentielle, méthode rapide et précise, devrait être pratiquée systématiquement dans tous les cas.
Réfractométres automatiques
Avec un réfractomètre automatique moderne, on peut mesurer la réfraction dun
sujet muni de ses lunettes. Sur certains modèles anciens, les reflets dans les verres
rendent, malheureusement, cette mesure impossible.
La correction habituelle du patient, même approximative, semble éviter les spasmes accommodatifs.
Là encore, on évalue lexactitude de la correction portée.
Cas particulier des forts astigmatismes
La correction des forts astigmatismes doit être précise, tant pour la valeur de
lastigmatisme que pour laxe.
La correction tardive dun fort astigmatisme peut entraîner une amblyopie par déprivation.
Pour les sujets nystagmiques, la correction doit être très précoce, et aussi précise que possible, car ces patients sont déjà handicapés par le déplacement incessant des yeux.
Lexamen avec le Javal ou un réfractomètre automatique doit se faire en position de moindre nystagmus, cest à dire quil faut, le plus souvent placer le sujet en sorte que lil examiné soit en adduction.
Quelle est limportance de lerreur résiduelle due à une erreur dorientation de laxe dastigmatisme ?
Pour un patient astigmate de 4 dioptries, une erreur de 10 degrés entraîne un astigmatisme important.
Dans un tel cas, on pratiquera une skiascopie différentielle, en recherchant lexistence dun astigmatisme résiduel. Si lastigmatisme résiduel disparaît en inclinant la monture de moins de 5 degrés, on peut considérer que la correction est satisfaisante. Si non, il faut reprendre la réfraction, en particulier en pratiquant une skiascopie avec des verres placés dans une monture dessai.
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(Dernière mise à jour de cette page le 28/05/2006)