PRATIQUER L'ORTHOPTIE AUX PAYS-BAS ?


J'habite aux Pays-Bas depuis maintenant deux ans et demi. Je suis arrivée ici juste après avoir eu mon diplôme d'orthoptiste a Paris. Après un an et demi d'apprentissage du hollandais, j'ai pu enfin essayer de faire valider mon diplôme. Après six mois de démarche administrative, j'ai enfin eu un entretien pour évaluer mon niveau. Suite à cet entretien, ils ont décidé de me faire faire un stage pratique en milieu hospitalier pour être sur de mes compétences. Hélas, nous avons remarqué que la pratique de l'orthoptie aux Pays-bas est très différente de celle en France et que leurs compétences sont beaucoup plus larges surtout pour ce qui est de la réfraction objective...
L'orthoptiste aux Pays-bas a aussi beaucoup plus de "pouvoir" puisqu'elle peut poser seule un diagnostic ou un protocole
opératoire de strabisme. Bref pour moi c'était donc impossible d'exercer ici sans suivre des cours de mise ou remise à niveau, ce que je n'ai pas fait puisque, nous espérons d'ici un an rentrer en France. On m'a donc conseillé de chercher du travail
en tant qu' "Assistante Technique Ophtalmo" (TOA). C'est une profession qui à ma connaissance n'existe pas en France et qui
permet a l'ophtalmologiste l'alléger son travail puisque les TOA sont habilités à faire des réfractions subjectives, des champ visuels, des échographie de l'oeil, la prise de tension de l'oeil, l'observation de la chambre antérieur à la lampe à fente etc...
Il y a donc ici un réel partage des taches professionnelles et un grand professionnalisme du personnel paramédical.
En ce qui me concerne, je travaille aujourd'hui dans un service ophtalmologue où je ne fait que des champs visuels car mon niveau de hollandais n'est pas encore parfait. Mais cela me permet de voir comment ils travaillent...

En ce qui concerne l'état des relations entre les différents acteurs de la santé visuelle aux Pays Bas, je ne connais hélas pas tous les fonctionnements, mais voici ce que j'ai vu.
Dans un premier temps toute personne ayant un simple problème de lunette va chez l'opticien qui fait une réfraction subjective puis cherche la meilleure correction. S'il y a un quelconque problème, l'opticien doit diriger le patient vers l'ophtalmologiste. Si le patient est un enfant (moins de 16 ans, je crois), l'opticien ne fait rien et le dirige automatiquement vers l'orthoptiste et l'ophtalmologiste. Car ici l'orthoptiste s'occupe de la réfraction objective des jeunes et vérifie aussi la fixation. Puis, pour une première consultation, l'ophtalmologiste vérifiera toujours les différents éléments anatomiques de l'oeil. Mais c'est l'orthoptiste qui prescrira les lunettes pour les jeunes.
Pour les adultes, la prescription les lunettes peut donc se faire soit par l'ophtalmologiste ou l'orthoptiste. L'ophtalmologiste voit bien sûr tous les autres patients, avec plus ou moins l'aide des orthoptistes en cas de troubles de la vision binoculaire et
l'aide des T.O.A (assistant technique en ophtalmologie) qui peuvent faire une réfraction subjective, une prise de tension oculaire (au tonomètre à applanation), observation de la chambre antérieure à la lampe à fente, champ visuel, échographie de l'oeil, angiographie (l'injection reste faite par l'ophtalmo). Les TOA ont une formation par correspondance en deux ans ainsi qu'un stage en milieu hospitalier, ils ont une formation très complète sur toutes les techniques de l'ophtalmologie. Par exemple dans le service où je travaille, les TOA voient systématiquement presque tous les patients avant l'ophtalmo pour une réfraction subjective, recherchent de la meilleure correction, et prennent la tension de l'oeil. Ensuite l'ophtalmologiste posera un
diagnostique et prescrira des médicaments, si nécessaire. Les TOA sont donc d'une aide précieuse pour les ophtalmo et d'un grand professionnalisme.

Les orthoptistes, en plus s'occupent des enfants, garde leur rôle premier, en s'occupant de tous les troubles de la vision binoculaire en plus de la réfraction objective, de l'état de la fixation et de poser aussi un diagnostic sur une paralysie ou un strabisme voir poser un protocole opératoire à l'intention de l'ophtalmo.

En ce qui concerne les optométristes, je ne les ai pas beaucoup vu !
Dans les hôpitaux que j'ai fréquenté, un optométriste passe en moyenne une fois par semaine dans chaque hôpitaux de sa responsabilité. Car ils sont très peu nombreux et ce déplace beaucoup dans tout le pays. Ils s'occupent de la basse vison avec prescription d'aide optique et prise en charge de la personne mal voyante. Ils ont des associations avec différents organismes
pour que le patient ne s'occupe de rien et on vient l'aider jusque chez lui pour qu'il apprenne à utiliser ses aides optiques.
Voilà en gros tout ce que je peux dire sur ce que j'ai vu du fonctionnement de la santé visuelle aux Pays Bas qui est apparemment un bon système sauf sur un point qui me paraît essentielle qui est la prévention puisque les patients allant d'abord et régulièrement chez l'opticien n'ont donc pas toujours l'occasion de se faire dépister pour le glaucome par exemple.

Marie ARREGUI, Orthoptiste. Le 18 mars 2002


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(Dernière mise à jour de cette page le 03/06/2006)